Strona:PL Rozprawa Mickiewicza o Jakóbie Boehmem.djvu/028

Z Wikiźródeł, wolnej biblioteki
Ta strona została uwierzytelniona.
– 22 –

existences passéés, vers ces forces incommensurables dont elle faisait partie et qu'elle supposait avoir été la cause de son élévation jusque vers le centre. Un Esprit, sorti, ainsi des ténèbres, se sentant fort et devenu lumineux, fait continuellement des appels à la force et croit que la Lumière lui est due. Il y a donc dans chaque Esprit appelé à l'existence réelle deux tendances nécessairement, dont l'une le reporte vers le passé d'où il est sorti, et l'autre vers l'avenir. C'est sur cette limite, dit Boehme, qu'a commencé la volonté, ou, comme il dit, une nouvelle naissance, un acte indépendant d'un Esprit qui arrive à la conscience de lui-même. Lorsqu'il regarde le passé, il se sent tout-puissant: car au moment où il sort du Chaos, il est certainement l'Esprit le plus mûr et le plus puissant de ce Chaos; il est maître et souverain du Chaos; la nature ténébreuse l'accepte et le regarde comme son chef. Arrivé à la limite de la lumière, il se sent annullé, dépouillé de toutes les forces dont il disposait par en bas; il lui faut donc reconnaître que le moindre des Esprits de lumière qu'il rencontre sur la limite d'une nouvelle existence et qui lui paraissent nuls comme forces, lui est infiniment supérieur. Une pierre lancée dans l'air retombe avec orgueil et toute sûreté de droits acquis vers le centre de la terre; mais tout ce qui s'élève au dessus de la surface de la terre, une plante ou un oiseau, travaille longtemps à faire des efforts incertains pour s'élever vers une sphère supérieure.

L'individualité humaine une foi posée comme existence jusqu'alors inconnue dans la Création, touchant par sa force à la Colère de Dieu aux Enfers, s'élevant à la Lumière ou à l'Amour de Dieu et en même temps maîtresse de ce nouveau principe qui venait de surgir du Chaos, du principe de la Nature extérieure, participant aux Esprits et en même temps souverain du Soleil et des Planètes, devint l'objet des tentations c. à d. des efforts du Satan et des existences inférieures c. à d. de la nature visible et créée. Ces existences inférieures, ce monde élémentaire et les Esprits élémentaires qui président à ce monde, qui après la chute de Satan n'avaient pas de communications directes avec l'Unité et qui ne pouvaient plus y communiquer que par l'Homme, se sont efforcées à s'approcher de lui, à s'unir avec lui, à entrer le plus possible en Dieu par son entremise; car partout, dit Boehme, où l'Esprit de Dieu réside, tous les Esprits se groupent pour avoir une parcelle de cet Esprit (et notre mystique, Angelus Silesius, dit de même que chaque endroit où l'Esprit de Dieu s'est reposé tous les Esprits s'y précipitent pour s'y réchauffer). Il y eut donc autour du premier homme une